J’ai eu la chance de rencontrer Jérôme P., 29 ans, qui a tourné dans une de ces vidéos du moment, les vidéos de Jacquie et Michel.
Pourtant il raconte à tous ses amis qu'il ne connais pas ce site ...
Il a eu envie de partager son expérience.
Nous nous retrouvons dans un bar à Pigalle, rien à voir avec notre sujet mais bien plus avec la rencontre de nos lignes de métro. Jérôme est brun, beau. Il m’attend en sirotant une bière. Il est venu avec son amie, Doris, transgenre qui préfère la tisane et m’exprime très vite son mépris pour Jacquie et Michel. Doris préfère le porno américain ou à la rigueur Explicit’Art. Avant que l’on ne débatte de la qualité cinématographique des films pour adulte, je reprends mon sujet et demande à Jérôme de me raconter son expérience.
Il a toujours aimé le sexe. Quand il voit ses premiers pornos, ça l’excite et il se souvient d’avoir été surpris en entendant ses copines dire qu’elles n’aimaient pas ça du tout. Fausse pudeur, culpabilité judéo-chrétienne ?… Il entame pourtant ses études dans le BTP et en parallèle s'essaye un peu au mannequinat (cuisant échec). Le sexe, le cul et le porno font toujours partie de sa vie et il nourrit le désir ou le fantasme de tourner dans un film une fois au moins pour voir. Il a une petite vingtaine d’années alors. Il se lance, passe une annonce sur un site spécialisé et reçoit de nombreuses réponses et propositions en tout genre. Dont celle d’un « agent d’acteurs de X ». A l’époque, il ne sait pas que le métier existe d’autant moins qu’il est assimilé à du proxénétisme. il se sent au contraire rassurée par le titre et rentre en contact avec lui. « Le tournage avait lieu à Paris. Sur le trajet, il a commencé à me parler du métier et me dire que je pourrais bien gagner ma vie, se souvient-il. Moi j’étais jeune et je voulais juste faire un porno pour réaliser un fantasme en fait. Je voulais quelque chose de beau, genre Gina Wild*. »
Double pénétration
Le pseudo agent emmène Jérôme dans un appartement où il est briefé sur le « scénario ». Deux tournages sont prévus : un le matin avec une seule partenaire et un autre l’après-midi avec deux partenaires, le maximum que Jérôme avait dit accepter. Mais une fois sur place, ils sont quatre hommes. « Je me suis senti pris au piège et évidemment, je n’avais pas d’argent pour rentrer chez moi. En plus, un des acteurs n’avait pas sa carte d’identité. Du coup, je ne me sentais pas rassuré : ni sur la qualité, ni sur l’hygiène ! ». Le tournage se passe, jusqu’à ce que le réalisateur annonce une double pénétration anale qu’il refuse. Il râle, se met à négocier en lui proposant une double buccale (ni Jérôme ni moi ne comprenons en quoi c’est une concession..) mais Jérôme reste ferme. « Ce qui était insupportable, c’était de devoir en discuter. Si je ne voulais pas le faire, je ne voulais pas le faire, un point c’est tout », m’explique-t-il. A ce stade, personne ne lui a dit que la vidéo était destinée à Jacquie et Michel. Il ne le découvrira que plus tard, avec déception.
« Le boss c’est moi ! »
Près d’un an après cette première expérience, alors qu’il est à Paris pour quelques jours, il est contactée en urgence : un acteur les aurait planté, ils ont besoin qu’il vienne. Il paie le taxi qui l’emmène jusqu’au Concorde Lafayette où l’équipe de tournage l’attend dans une suite. « La chambre est sublime, il y a de la lingerie très belle, plusieurs acteurs,… Et Michel en personne. Très sympathique. Je vais sous la douche pour me préparer et je remarque Michel en train de me filmer par l’embrasure de la porte de la salle de bains. Je lui demande d’arrêter, je lui dis que je ne suis pas prêt, on rigole un peu et je ferme la porte. « Le boss c’est moi ! », se met à hurler Michel en ouvrant la porte et en me jetant dehors comme un malpropre. Je lui demande alors de me rembourser au moins le taxi. Il refuse. Je menace d’appeler la police et il me jette l’argent à la figure. C’est pour ça que j’ai eu envie de raconter mon expérience ! Parce que les garçons imaginent qu’ils vont vivre une expérience sympa, sexy, mais le plus souvent c’est juste violent et humiliant. », m’explique-t-il.
Jérôme n’aime pas se voir lui-même. Il n’a pas regardé sa vidéo sur Jacquie et Michel, mais de toute façon, il n’aime pas le porno que propose ce site. Si il avait su que c’était pour Jacquie et Michel, il n’y serait pas allée. Il a eu d’autres expériences depuis et y a même pris du plaisir. il est aujourd’hui travailleur sexuel et trouve que les acteurs ne sont pas assez bien payées, conclue-t-il.