C’était un secret de polichinelle dans le petit monde de la robotique Française. Depuis plus d’un an, la start-up limougeaude et le fond d’investissement public Coréen - Nongdam - sont en tractation concernant un éventuel rachat. Il semblerait que les choses soient actuellement en train de s’accélérer.
Inquiet du plan « tout-robotique » mis en place par Séoul et de son retard technologique en la matière, Pyongyang souhaite investir massivement dans ce secteur. Nongdam, qui gère le financement des solutions innovantes, a jeté son dévolu sur la petite entreprise de Limoges, spécialisée dans la conception et la fabrication de robots humanoïdes. D’après certaines sources, Nongdam aurait fait une offre de plus de 150 millions de KPW pour racheter la société et rapatrier matériel et personnel sur son territoire.
Nous sommes allés voir les dirigeants de l’entreprise pour tenter d’en savoir plus. Miguil Abdillahi, Directeur R&D, nous répond : « Nongdam est arrivé avec un projet intéressant, que nous appelons en interne – Salt -. Nous étudions la possibilité de travailler avec et/ou pour eux. Il faut qu’on fasse de nombreuses réunions pour en savoir plus. » Jean-Philippe Fournier, Directeur financier, est plus dubitatif : « L’opération n’est pas dénuée de sens pour la croissance de l’entreprise car les charges et responsabilités patronales sont réduites de même que le coût horaire est très avantageux. Cependant, je suis plus circonspect concernant le taux de conversion Euros/KP-Won.» Finalement, c’est Fabien Raimbault, PDG, qui clôturera prématurément l’entrevue : « Nous avons vécu une très belle aventure jusqu’à présent. Il est désormais temps de passer à la vitesse supérieure et se voir offrir l’opportunité d’être soutenu par un organisme d’Etat ne peut pas être ignorée. Si cela doit effectivement se faire, cela se fera. Là-bas, tout est propice au travail et même si le gouvernement est omniprésent, les conditions pour les salariés ne sont pas moins bonnes que celles prévues par la nouvelle loi que le gouvernement Français souhaite imposer et devant laquelle, de toute façon, nous, entrepreneurs, devrons plier. Seul hic, j’avoue avoir un peu de mal à me faire à l’idée de quitter notre belle campagne Limousine pour aller nous installer dans le quartier d’affaire de Pyongyang. C’est peut-être le seul vrai frein au projet. ».
Au-delà des dirigeants, les salariés sont plutôt mitigés et se livrent à nous en toute franchise durant une des rares pauses tolérées par les dirigeants. Julien Glomal, un des membres du personnel, lui, ne semble pas ravi de la situation : « Je suis accroc au café et je ne suis pas certain qu’il y ait des machines à dosette là-bas. » Angoissé, il ajoute brusquement : « Et puis, d’ailleurs, est-ce qu’il y a une concession Renault pour faire réviser ma Clio GT ? » Lou Josselédeux, un autre employé, tempère : « Depuis que je suis salarié chez Cybedroid, je suis célibataire et je dois avouer que j’ai toujours eu un faible pour les femmes asiatiques et les Bô-Bun, alors ça ou Limoges… Ma valise est prête ! » Lionnel Barrière ajoute : « Moi, je m’en fiche, ma femme est bientôt chirurgienne donc potentiellement très aisée et peu présente. Autant démissionner, retourner sur Tarbes et aider mon père à faire les travaux dans sa maison. » Nous retiendrons particulièrement les propos d’Alexandre Chelini qui résument à eux seuls le bouleversement que s’apprête à vivre l’entreprise : « J’ai commencé ici en alternance alors qu’il n’y avait pas de toilettes et que nous devions courir jusqu’à la gare de Limoges pour nous soulager. Alors, évidemment que je suis prêt pour aller m’installer à Pyongyang dont le réseau d’évacuation est très surveillé, même si j’ai entendu dire que, chez eux, les parties d’Airsoft se jouaient à balles réelles ».
Avant que le service de sécurité ne nous jette à la rue, nous posons une dernière question : « Quelle va être l’implication de Nongdam en terme d’actionnariat ? Partielle, majoritaire ou totale ? ». Fabien Raimbault, pressé de nous quitter, reste évasif et balaye la question d’un geste de la main : « Vous savez, Kim Jong-un est un redoutable gestionnaire. S’il parvenait à nous éjecter du conseil d’administration, je me consacrerai à mes autres passions, comme les balades à mobylette dans le Loir-et-Cher ou me promener dans la forêt pour observer le ballet des cerfs et des biches au soleil levant. Vous savez, j’ai fabriqué mon premier robot humanoïde à l’âge de 4 ans en démontant le grille-pain de l’ex-mari de ma tante à Vesoul en Haute-Normandie, je connais donc bien tout ce qui touche aux robots ! C’est grâce à cela que j’ai d’autres projets en tête comme, par exemple, la création d’un village dédié à la robotique dans un paradis fiscal, pour que les grands comptes comme Gogole, Kouchedozone ou Perry puissent défiscaliser à mort sous prétexte de recherche. J’ai de quoi rebondir et entrainer Miguil et Jean-Philippe dans de nouvelles aventures fumantes !».
Nous savons qu’une annonce sera faite à l’occasion d’Innorobo 2016, le sommet Européen Lyonnais de la robotique qui se tiendra à Paris du 24 au 26 Mai. Certains avancent que Cybedroid présentera la version définitive de « Salt », le dernier né de la firme pour le compte de Nongdam (Investisseur et opérateur télégraphique Nord-Coréen). Des proches de l’entreprise, présents lors des Apérobots Saint-Quentinois, parlent d’un robot alimenté en énergie par un groupe électrogène diesel (capable, entre autre, de fonctionner avec de l’alcool de banane) et dont la structure porteuse du châssis sera façonnée dans un alliage révolutionnaire à base de fonte/bakélite (on parle d’une forme de carton recyclé mélangé avec du « scotch alu » pour la coque). L’unité de calcul, pour sa part, serait composée de deux Amiga X1000 montés en série (via réseau Token-ring) épaulés par un puissant Amstrad CPC pour tout ce qui est traitement graphique et modélisation 3D de l’environnement (système breveté et développé par « Triple A »). Certains s’aventurent même à dire qu’il sera capable de « faire coucou » de façon aléatoire et de gigoter la tête mignonnement tout en clignotant des yeux grâce à un script préétabli écrit en Fortran-dot.net.
Rendez-vous dans 2 mois, à l’occasion d’Innorobo, pour en savoir plus car Cybedroid tente de noyer le poisson sur ce sujet.
Auteur : Zbastien Martinovich
Source : Sireaubault