La nouvelle vient de tomber. Après les mobilisations d’ampleur nationale du 31 mars 2016, un nouveau congrès de l’Union Nationale des Etudiants de France (UNEF) visant à planifier la suite des actions a connu un retournement de situation sans précédent, voyant plus de 86 des membres présents voter contre la poursuite des manifestations.
« On se contentait de répéter les slogans du blog de Caroline de Haas », nous confie Nicolas, 21 ans, étudiant. « Mais hier, on m’a demandé en quoi la Loi Travail allait créer plus de licenciements, et je me suis senti bête parce que je ne savais pas, je n’avais pas lu le texte. C’est ce que j’ai fait dès que je suis rentré chez moi, et je n’ai pas trouvé de réponse. D’autres ont rencontré le même problème, et en débattant pendant le congrès, on a tous décidé d’un commun accord qu’on devrait lire les propositions de loi avant de manifester plutôt que de suivre bêtement les vulgarisations sur internet. »
« Je me suis rendue compte que la Loi Travail ne fait que donner un peu du pouvoir des syndicats directement aux mains des salariés », ajoute Muriel, 36 ans, employée de bureau. « Je comprends mieux pourquoi les syndicats sont à fond, mais si on avait tous pris cinq minutes pour lire la propal plutôt que Facebook, on n’aurait pas autant l’impression d’avoir été pris pour des pigeons. »
C’est le désarroi le plus total chez les responsables syndicaux. En caméra cachée, William Martinet, président de l’UNEF, se confie : « C’est une catastrophe pour mon image de marque. Normalement les étudiants sont malléables, on peut les faire bouger pour n’importe quoi pourvu que ça leur donne le droit de rater les cours tout en mettant le bazar. Maintenant, je vais devoir trouver un autre front pour revenir dans les médias, je dois faire mes preuves pour obtenir une bonne place au Parti Socialiste avant d’être toujours en master à 35 ans, ma fac va finir par trouver ça louche. »
Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, déplore quant à lui que « jusqu’ici, il suffisait de demander aux gens de manifester en inventant deux, trois slogans bien claquants, et ça fonctionnait. C’était grisant de réussir à faire défiler des gens contre leurs propres intérêts, pour les nôtres. Mais si même les syndicalistes se mettent à réfléchir, ça va devenir beaucoup plus compliqué de trouver les fonds pour ma nouvelle BM. »
A l’annonce de cette décision, le réseau social Facebook s’est immédiatement investi afin de permettre à chaque personne ayant participé aux manifestations de faire disparaître les photos sur lesquelles il apparaît, par l’intermédiaire d’un bouton « J’ai honte ».
On a donc pu assister aujourd’hui à une prise de conscience chez les manifestants, qui s’est répandue comme une trainée de poudre chez la majorité d’entre eux, causant un nivellement par le haut rarement vu en France ces dernières années. Victoire de la clairvoyance sur la bêtise humaine ou simple réveil éphémère des neurones, le prochain sketch syndicaliste nous le dira par le nombre de Français qui bougeront pour que rien ne bouge.