23 février 2016 - A 35 ans, un homme cadre supérieur ou chef d entreprise a une espérance de vie de 49 ans, un ambulancier, de 39 ans, soit dix ans d’écart. Chez les femmes, la différence est deux fois moindre.
A 35 ans, un homme cadre peut espérer vivre jusqu’à 84 ans, contre 74 ans pour un ambulancier ou un aide soignant selon l’Insee (donnée moyenne entre 2009 et 2013), soit plus de six ans d’écart. L’espérance de vie à 35 ans d’une femme cadre est de 53 ans (elle peut espérer vivre jusqu’à 88 ans) contre 42 ans pour une ouvrière (qui peut espérer vivre jusqu’à 77 années), soit onze années de différence.
Les inégalités d’espérance de vie entre milieux sociaux résultent d’un ensemble de facteurs. La qualité et l’accessibilité du système de soins jouent un rôle secondaire par rapport aux conditions et à la durée du travail, l’attention portée au corps, l’alimentation ou les modes de vie en général (consommation d’alcool ou de tabac, pratiques à risque). C’est en partie ce qui fait que l’espérance de vie des femmes du sanitaire ou du transport est supérieure même à celle des hommes cadres. La valorisation de l’endurance - en particulier chez les hommes dans les métiers physiques -, mais aussi les difficultés à s’arrêter de travailler sans risquer de perdre son emploi lors de la vie active, ont un impact sur la durée de vie des catégories les plus modestes.
Depuis les années 1970, l’espérance de vie à 35 ans a augmenté en moyenne de 5,5 ans pour les femmes et de 6,7 ans pour les hommes. Globalement, l’amélioration des conditions d’emploi et la baisse du temps de travail, la progression des niveaux de vie et l’élévation des qualifications ont joué favorablement. Cet allongement a profité autant aux catégories sociales favorisées qu’à celles qui le sont moins : au cours de la période, les écarts sont en effet restés stables.
A l’avenir, l’extension de la couverture maladie, et surtout l’attention croissante portée dans notre société à la santé, de l’alimentation à l’hygiène en passant par la réduction de la consommation de tabac ou d’alcool [1] vont dans le bon sens. Mais la remise en cause des progrès en matière de temps de travail et la faible prise en compte de la pénibilité dans les droits à la retraite jouent inversement. Des progrès seraient possibles pourtant, notamment en agissant sur la durée passée au travail dans les professions les plus pénibles physiquement (industrie, bâtiment et travaux publics notamment et bien sûr le sanitaire et social, ainsi que les conditions du travail lui-même.
Un projet de loi est en cours de négociation entre syndicat et MEDEF afin de proposer des retraites anticipées à 55 ans a taux pleins dans les métiers à fortes pénibilités celon le bon vouloir des employés, permettant ainsi d éviter les classiques burnout de fin de carrière.