La grève prévue par les contrôleurs aériens pour ce 24 juin est une faute magistrale. Alors que le pays se relève à peine de l'une des pires attaques de son histoire, certains se permettent de paralyser un secteur en souffrance et de nuire à l'image de tout un pays.
Cette grève est irrespectueuse de l'ensemble des travailleurs de l'aéroport, des employés des compagnies aériennes, de tout le secteur du tourisme et de l'horeca. Autant de personnes qui souffrent déjà énormément des conséquences des attentats et qui souvent travaillent dur. Des compagnies aériennes ont déjà décidé de ne plus revenir sur Bruxelles-Airport à la suite des attentats et ce genre de mouvement ne facilitera certainement pas le retour des compagnies qui hésitent encore. Brussels Airlines, compagnie fragile, vient tout juste d'être bénéficiaire et comptait créer de nouveaux emplois, mais elle a été durement affectée par les attentats et l'est à nouveau actuellement à cause de cette grève prévue.
Le plus révoltant dans ce mouvement social est sans doute son timing. Il y a quelques jours, tout le monde était d'accord pour rester uni, pour faire face, pour montrer que la vie devait continuer. Aujourd'hui, cette prise en otage du pays dans un tel moment de détresse est inacceptable. Pourrions-nous imaginer que les ambulanciers fassent grève un jour d'attentats pour négocier un avantage? Comprendrait-on que les membres des forces spéciales s'arrêtent le jour d'arrestation de terroristes? Serait-il acceptable que la STIB fasse grève en pleine semaine de réouverture du métro? Tous ces exemples sont comparables à la grève prévue par les contrôleurs aériens.
Par ailleurs, le fait que la technique utilisée est celle de se faire porter pâle avec la complicité de certains médecins est tout simplement hallucinant et devrait être sanctionné. Vu les circonstances, nous devons tous agir en acteurs responsables, mais certains semblent l'oublier. De plus, on a du mal à éprouver de la compréhension pour les revendications évoquées. Un salaire de base de plus de 6000 euros brut, un salaire moyen de 12.000 euros brut et une retraite à 58 ans ne sont quand même pas des conditions de travail abominables ou de l'exploitation sauvage. Combien de Belges gagnent cela? Les contrôleurs oublient-ils que 3500 candidats ont tenté d'exercer ce métier pour seulement 12 places en 2015? Les métiers du secteur aérien sont plus qu'un travail: c'est souvent un rêve ou une passion. Lorsqu'on a la chance d'exercer un tel métier, on doit pouvoir s'en montrer digne.
Aujourd'hui, tout le monde doit se retrousser les manches pour redresser notre pays. Il serait ridicule de s'indigner uniquement contre les contrôleurs aériens. D'autres ont aussi leurs responsabilités dans la période difficile que nous traversons. Il est important que la commission d'enquête sur les attentats s'ouvre rapidement et que l'ensemble des questions trouve une réponse. On peut ressortir plus fort des attentats, mais cela nécessitera des réformes, de la rationalisation des niveaux de pouvoir, et qu'on assume plus ses responsabilités politiques. Voir certains s'accrocher alors qu'ils commettent gaffe sur gaffe n'est plus possible. Ce n'est qu'avec des gestes forts qu'on pourra retrouver la confiance des citoyens et des autres pays.