Manuel Valls attaque en justice un rappeur
28-09-24 05:15:47
L'affaire qui doit être évoquée aujourd'hui
devant le tribunal correctionnel de Bobigny ne devrait même pas être traitée sur le fond, mais
elle risque quand même de faire beaucoup parler d'elle. Cet après-midi, le rappeur parisien domicilié
à Saint-Denis, Gorah alias La Main Verte, est cité à comparaître pour « diffamation ». Depuis septembre, il est dans le collimateur du Premier ministre français, qui estime que les paroles du rappeur portent « atteinte à la dignité de l'Etat».
Au cœur de l'attaque : la chanson « Ramasse ta main », dans laquelle le rappeur se sert d'un fait divers pour le décrédibiliser ainsi que le Président de la République. Il a même élaboré un vidéoclip caricaturant les représentants de l'Etat :
https://www.facebook.com/gorah/posts/10157254323140714
L'élu s'étant porté partie civile, les deux parties ne sont convoquées aujourd'hui qu'à venir signer une demande de consignation. L'audience proprement dite devrait donc être reportée, vraisemblablement à la mi-août.
Le rappeur se défend. « C'était pas si méchant. Vu les événements récents, je pense que les politiques ont mieux à faire que s'acharner sur des rappeurs. Si je suis dur dans mes chansons avec la France,
c'est pour faire réagir. Nous les rappeurs, ça fait des années qu'on avertit de la situation
en banlieue. On ne nous a pas écoutés, et ça a explosé », regrette le rappeur qui est prêt
à défendre devant la justice des paroles qu'il a « pesées ».
Les paroles portent « atteinte à la dignité de l'Etat »
Sans attendre une action du garde des Sceaux, M. Valls a décidé d'agir en tant que représentant de la population. « Avec tout ce qui vient de se passer dans les banlieues, je suis d'autant plus conforté dans mon action, déclare le Premier ministre. Il s'adresse à une population fragilisée qui cherche un leader et qui applique des propos lancés n'importe comment. Si on laisse tout faire et tout dire, on perd le contrôle. » L'élu, qui a également recueilli plus de 4 000 signatures sur une pétition, n'attend qu'une chose de la justice : « Que La Main Verte soit condamnée pour outrage et que sa chanson sorte de la circulation. »
