C'est confortablement installé dans son riad de Marrakech que "BHL" nous reçoit pour parler de son dernier ouvrage,
"Je ne vous ai pas tout dit". Dès le début de l'entretien, le ton est lancé. "J'ai toujours été fier de mes origines juives. Mais pas seulement." Son regard se perd vers l'horizon. "J'ai toujours été profondément pro-palestinien. Je ne l'ai jamais vraiment montré. Par loyauté, sans doute, envers mes frères Israëliens. Mais j'ai décidé, l'âge venant, de me dévoiler un peu. Normalement, j'opte toujours pour la pudeur. Mais il y a un temps pour dire les choses, et il y a des choses qu'il faut dire à temps". Une jeune femme vient nous servir le thé. "Dans mon prochain opus, je dévoile que je donne plus de 50 000 euros par mois au REMDH (Réseau Euro-méditerranéen des Droits de l’Homme, ndlr) et que je suis un fondateur, jusque là anonyme, d'Ensemble pour la Justice en Palestine. Je ne suis pas un monstre. Je suis éploré, moi aussi, devant la photo d'un enfant palestinien mort sous les bombes de Tsahal." Nous ne manquons pas, sûrement, de paraître étonnés, mais M. Lévy continue. "Je boycotte Israël depuis la mort de Rabin et la fin de l'espoir de paix. D'ailleurs, j'ai acheté ici, en terre arabe. On n'y trouve pas de tout, mais le climat est propice à la méditation philosophique. Je n'ai pas acheté à Tel Aviv, et ce n'est pas pour rien!". Nous interrogeons alors M. Lévy sur ses engagements. "Je me suis toujours dressé pour les peuples arabes. Les Libyens ont pu compter sur moi. Pour les Syriens, j'ai tout fait, même si j'ai été entendu trop tard, et qu'il a fallu attendre les exactions de daesh pour comprendre que mon appel à la guerre n'était pas vain. Les Palestiniens sauront maintenant, avec mon prochain livre, qu'ils peuvent aussi compter sur moi, et désormais, en public. J'ai passé l'âge de m'enchaîner devant l'ambassade d'Israël, même si l'idée peut me traverser l'esprit, dans un moment d'exaltation. Mais désormais, je serai avec eux. Musulmans, Juifs : après tout, ne sommes nous pas tous frères?"
Une leçon que nous donne là, encore une fois, le brillant agrégé de philosophie. Et peut-être enfin une chance pour la paix.