Fermeture de Croteau en 1997 : Les victimes toujours ébranlées.
14-10-24 09:15:43
La fermeture des magasins Croteau serait à l’origine de la croissance du taux de chômage dans certaines régions du Québec, ainsi que la principale raison qui pousserait les jeunes à s’exiler vers les grands centres urbains. Voilà le titre qui faisait la une du journal hebdomadaire l’Informateur de New Richmond en Gaspésie. Les magasins Croteau se spécialisaient dans la vente de vêtements et visait surtout à répondre aux besoins des familles à revenu modeste. Fondée par Jean-Noël Croteau en 1944, la chaîne, qui a fait le bonheur des consommateurs québécois de 1944 à 1997, a surtout connu une effervescence monstre dans le monde de la mode au Québec dans le milieu des années 90 avec l’arrivée des
marques renommées telles Tag Rider, B.U.M., MUST ou encore Yves Martin. Les magasins jouissaient aussi d’une notoriété certaine au Nouveau-Brunswick.
À ce sujet, nous avons donc décidé d’interviewer quelques anciens employés et consommateurs pour en connaître davantage sur leurs états d’âme.
« Quand Croteau a changé de nom pour l’Aubainerie, ça a été tout un choc » nous raconte Marie-Claude Bujold, une résidente de New Richmond, en Gaspésie. Mère de trois enfants âgés de 18, 15 et 11 ans, elle avoue avoir eu de la difficulté à subvenir aux besoins de sa famille après que l’Aubainerie ait décidé de procéder à des coupures de personnel en 1998. «Je travaillais pour Croteau depuis 1980 alors que je n’avais que 14 ans. Ma mère y a travaillé ainsi que ma grand-mère. Croteau, c’est plus qu’un magasin pour nous. C’est un héritage familial. C’est une partie de nous et de notre patrimoine culturel qui s’est envolé lorsque Croteau est parti. » Mme Bujold croit aussi que la perte de ces magasins a touché grandement l’économie dans la péninsule gaspésienne, à même titre que la fermeture des usines de pâtes et papiers à Chandler et New Richmond ainsi que la fermeture de la mine de cuivre de Murdochville à la fin des années 90.
M. Gaston Langlais, qui a été propriétaire d’une succursale Croteau de 1985 à 1997, a éclaté en sanglots lorsque nous avons tenté de l’interviewer. M. Langlais croit que la fermeture est due entièrement à la croissance fulgurante du prix des articles en 1996. « Qui peut se permettre de porter du Yves Martin à ce prix-là? Je veux bien croire que c’est une bonne marque, mais ce ne sont pas des Pedro non plus » a-t-il sangloté. Recouvrant son visage de sa main pour éviter le regard des caméras, l’homme de 59 ans a bafouillé quelques mots avant de quitter les lieux en courant. « C’est une tragédie. J’ai tout perdu. Tout… »
La chaîne de magasins L’Aubainerie Concept Mode organise par ailleurs chaque année en août une levée de fonds par l’entremise de bingos cadeaux pour venir en aide aux sinistrés. Les personnes voulant effectuer un don peuvent également déposer quelques pièces dans l’endroit prévu à cet effet aux comptoirs de ses
succursales. « Il est important, d’un côté humanitaire, que nous venions à la rescousse des personnes dans le besoin depuis les modifications en 1997. »
L'Aubainerie nous a d’ailleurs fait parvenir l’information selon laquelle les caleçons de marque Yves Martin étaient toujours en vente, à concurrence de 4 pour 2, jusqu'au 15 août.
