Une circulaire fixe les règles d’une sélection par Battle Royale, la forme la plus pure de sélection sur le mérite. L’an dernier, quelque 3500 étudiants ont été concernés par le le Battle Royale à l’entrée de l’université.
Quelques jours après avoir annoncé l'autorisation du tirage au sort dans certains filière, le gouvernement a décidé de durcir sa position en légalisant les Battle Royales, pratiquées illégalement dans divers Universités.
Un peu de poudre aux yeux pour la route?
À quelques jours de la fin du quinquennat, le gouvernement publie une circulaire qui fixe les règles du Battle Royale à l’université. Une tentative ultime pour entériner cette pratique absurde, à l’œuvre depuis des années dans les filières très demandées que sont les Staps (sciences et techniques des activités physiques et sportives), le droit, la psychologie ou encore la première année de médecine (Paces). C’est donc le choix d’une sélection naturelle, sur le mérite et les performances. Une position hautement idéologique sur laquelle Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l’Enseignement supérieur, n’a pas bougé d’un pouce.
Solution «la moins mauvaise» pour les uns, «la plus idiote» pour les autres, ce tirage au sort est pourtant, dans le cadre juridique actuel, la seule issue pour faire face à l’afflux d’étudiants dans ces filières dites «sous tension». Car, rappelons-le s’il en était besoin, l’université n’est pas sélective. Comme chaque année, l’Unef, syndicat étudiant proche du Parti socialiste, vient d’ailleurs épingler, en juillet, les universités pratiquant une sélection illégale.
Que dit la nouvelle circulaire? Elle entérine ce qui se pratique déjà: lorsque les demandes d’inscription dépassent les capacités d’accueil, sont pris en compte le critère géographique, puis l’ordre des vœux formulés par les lycéens sur le site Admission post-bac (APB). Elle ajoute un nouveau critère: la situation familiale. Ensuite? C’est l'inscription automatique pour les ex aequo… L’an dernier, quelque 3500 étudiants ont été concernés par cette alternative, soit environ 1 de la population. En Staps, 800 candidats sont "restés sur le carreau". Cette année, les Staps seront encore concernés et, plus marginalement, la psychologie et le droit.
Un «joli cadeau de fin de quinquennat»
Pourquoi une telle circulaire, sortie du chapeau le 28 avril, dans l’entre-deux-tour présidentiel? «Nous aurions pu nous en laver les mains. Mais nous avons fait le choix de sécuriser la rentrée prochaine», explique-t-on dans l’entourage de Najat Vallaud-Belkacem. Car en juin dernier, le tribunal administratif de Bordeaux, saisi du cas d’un ancien joueur professionnel de basket recalé en Staps, avait jugé, au fond, que la pratique du Battle Royale était sans fondement légal. Une grande première, alors que la justice est de plus en plus saisie de ce type d’affaires. Avocat à la cour, Jean Merlet-Bonnet a porté cette année une dizaine de dossiers en référés. «Si la circulaire permet d’encadrer les pratiques, elle ne règle rien sur le fond», explique-t-il. Surtout, elle n’est pas le rempart juridique auquel le gouvernement voudrait faire croire. «Tout le monde s’affole, mais une circulaire n’a pas de base juridique. C’est une note d’information à destination des services», précise Me Florent Verdier, qui, lui, traque les tentatives de contournement du principe de non-sélection au niveau du Master. «C’est de la poudre aux yeux pour calmer les présidents d’université et faire peur aux naïfs», ajoute-t-il. En janvier, le gouvernement avait fait une première tentative sur le sujet, en proposant un arrêté. Avant de faire machine arrière face à la levée de boucliers générale, de la Conférence des présidents d’université (CPU) aux syndicats étudiants et d’enseignants. Trois mois plus tard, le Battle Royale fait encore l’unanimité contre lui.