Il y a quelques semaines, Michel Sardou annonçait à notre grande surprise mêlée de tristesse, sa décision d’arrêter la chanson. A 70 ans, le chanteur a décidé de consacrer sa vie au théâtre.
Il nous a reçus dans sa maison gardée par des Dobermans et nous avons dégusté son fameux hamburger à la choucroute avec lui.
C’est toutefois un Michel Sardou fatigué qui nous est apparu, il a fallu une bonne heure avant qu’il accepte de parler à Abdel, notre assistant. Il faut dire que Abdel était bien trop maquillé ce jour là et portait une jupe très courte.
Après quelques plaisanteries dont il a le secret Michel a finalement accepté de nous révéler le secret autour de ses chansons. Toutes mes chansons ont une histoire nous a-t-il dit. Dites moi un titre et je vous raconte.
Les bals populaires.
- Ah, les bals populaires, c’est là où j’ai rencontré Gunther. C’était le 14 Juillet 1969, je chantais au bal des pompiers de la Trinité sur Mer. Gunther faisait partie du service de protection d’un homme politique que je ne citerai pas. Nous avons tout de suite sympathisé, ce garçon de 1M85, tout en muscles avec ses cheveux blonds presque rasés et ses petits yeux bleus m’est apparu comme un sauveur lorsqu’il m’a tiré des mains d’un patron de bar parce que je voulais pas payer mon verre. Il ya avait une femme qui ressemblait à Raquel Welch et des grands mères qui dansaient avec des ouvriers parisiens. J’ai tout de suite été inspiré. Gunther est devenu un ami.
J’habite en France
- Tiens, c’est marrant, cette chanson c’est aussi à cause de Gunther. Nous avions vraiment sympathisé, j’adorais son approche du monde et les films sur le 3ème Reich qu’il regardait.
Gunther qui était Allemand de mère Irlandaise habitait en France. Et il me dit un jour: “j’aime la France, parce qu’il n’y a pas 50 millions d’abrutis même si les Français se plaignent parfois. Et puis on n’est pas pinté tous les matins. Et il éclata de rire montrant sa parfaite dentition.
La chanson était née. Je dois dire que cela nous beaucoup rapprochés et nous sommes devenus co-locataires.
Le surveillant.
- Lorsque Gunther a perdu son emploi, cela a été très dur. Je débutais à peine et nous n’avions pas le sou. Cela nous a foutu un coup. Il me réveillait au milieu de la nuit, me parlait de jeunes garçons dans un internat, des rêves certainement. C’est alors que je compris le signe du destin, Gunther pouvait travailler comme surveillant, son autorité naturelle, sa carrure imposante. il a donc été embauché dans un internat et tout naturellement a tissé des liens assez forts avec les élèves. il savait tout d’eux, quel homme de communication. L’idée de cette chanson m’est venue de son expérience professionnelle, tout simplement.
La maladie d’amour.
- Un matin, Gunther était en train de préparer des oeufs au bacon dans sa jolie robe de chambre rose. Il faisait gris comme une chevelure de mamie. Je sentis que Gunther avait quelque chose à me dire. “Tu sais Michel, me dit-il, tu devrais aller te faire examiner chez le docteur, c’est plus sûr. Ce petit bouton que j’ai sur le bout de la verge est pas très beau. J’ai attrapé une maladie en faisant l’amour avec un vieux de 77 ans. Ses cheveux gris, mes cheveux blonds, je suis sûr qu’il y a un truc pas clair.”
Gunther et moi sommes partis chez le docteur et dans la salle d’attente j’ai écrit la chanson. Quelques antibiotiques plus tard je la chantais.
Voilà, c’est tout ce que nous a accordé Michel comme temps. Nous reviendrons bientôt pour parler d’autres chansons.
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