La plus récente loi adoptée par le gouvernement du Québec provoque de vives réactions chez les citoyens. En effet, on apprenait plus tôt cette semaine que chaque résident du Québec devra obligatoirement effectuer un stage dans le domaine du service à la clientèle ou de la restauration avant de pouvoir obtenir un emploi dans tout autre domaine. Jean-François Roberge, ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur a décrété que "cette mesure est nécessaire. Chaque consommateur doit savoir ce que vit l'individu qui le sert, c'est la meilleure façon de former des bons clients et ce savoir doit être acquis par tout le monde sans exception".
Ce nouveau programme permettra non seulement d'éduquer les résidents du Québec aux différents enjeux vécus en service, mais il offre également une solution efficace à la pénurie de main d'oeuvre dans le domaine de la restauration. "Si tout le monde pouvait marcher dans nos souliers juste une petite semaine, je suis convaincue que ça changerait les comportements de tout un chacun. Le métier de serveur en est un bien ingrat, les journées sont longues, les horaires peu conventionnels, on mange et boit quand on le peut et pire que ça, parfois on peut faire un quart complet sans même avoir le temps de s'arrêter pour aller à la toilette. À tout ça s'ajoute une quantité impressionnante de clients sans aucune reconnaissance qui critiquent tout sans retenue, des gens qui sont simplement insatisfaisables, peu importe la qualité du service ou du produit.", rapporte Manon Choquette, mieux connue sous le pseudonyme de La Serveuse du Nelligan's.
Le processus a été testé à petite échelle dans certains commerces du quartier Saint-Jean Baptiste à Québec. "C'est vraiment exigeant, je suis rentré chez moi complètement vidé chaque jour. Moi qui fais un travail de bureau au quotidien, j'avais mal aux pieds et j'étais démoralisé par les critiques et les commentaires de certains clients qui se croient tout permis. Y'a même une fille qui a essayé de me pogner la poche, je me suis senti violé par en dedans", commente Alexandre de la Sablonnière, stagiaire du nouveau programme. "C'est complètement différent quand on passe de l'autre côté du miroir. Les gens ne se rendent pas compte à quel point c'est exigeant", ajoute-t-il.
"C'est fou les compétences qu'on doit posséder pour exceller en service. On a souvent l'idée préconçue que les serveurs sont des gens peu instruits qui font ça par manque de possibilités, mais en fait ce sont des gens beaucoup plus brillants qu'il n'y paraît. Déjà que le bilinguisme est un atout majeur, la gestion des priorités et du stress sont des outils primordiaux. Il faut que ton cerveau soit capable de gérer une foule de dossiers ouverts simultanément, tout en gardant une attitude positive et un beau sourire, même que le client est détestable. Ça stimule le cerveau sur un chaud temps, le programme de stage obligatoire va clairement changer l'attitude des gens". Exprime Marie-Ève Beaudin, qui vient tout juste de compléter son stage.
Alors que cette nouvelle formation obligatoire est très bien reçue par une partie de la population, certains opinions diffèrent dramatiquement. "Hors de question que je me rabaisse à ce niveau-là. J'ai fait des études supérieures, moi! Ce n'est certainement pas pour aller servir des gens, je vaut bien mieux que ça! Il faudrait que les gens comprennent qu'il y a des classes dans la société, et que les serveurs sont en bas de la pyramide. Je n'ai aucunement l'intention de changer mes habitudes, personne ne va me forcer à descendre aussi bas!" raconte un client qui désire conserver l'anonymat. "J'ai les moyens, je veux qu'on me serve... et qu'on me serve à mon goût et à mon goût à moi à par de ça!"
La nouvelle loi entrera en vigueur en août 2020, imposant une mise à niveau majeure chez pratiquement la moitié de la population. Tous ceux qui exercent ou qui ont déjà exercé un métier relié au service à la clientèle seront exemptés de cette obligation et pourront continuer d'occuper leurs fonctions actuelles. "On a toutes les données nécessaires pour faire le suivi efficacement ici, chez Revenu Québec." explique Carl Gauthier, président-directeur général du siège social de Québec. "Si les nouvelles mesures vous concernent, vous recevrez un avis par la poste vous offrant une liste des commerces participants pour lesquels vous pourrez effectuer votre stage. On va faire ça le plus simple possible pour que tout se déroule bien."
On estime que d'ici 2030, le niveau de "gros jambon" aura diminué dramatiquement au Québec. On vise notamment l'élimination complète du phénomène d'ici 2040. En adoptant ce nouveau projet, le Premier ministre François Legault a voulu rendre hommage à sa soeur. "J'embrasse l'idée. Y'a rien comme vivre l'expérience soi-même pour prendre conscience de l'envers du décor et de tout ce que ça implique. Le Québec marquera l'histoire pour son civisme, nous serons mondialement reconnus et imités."