Saint-Saturnin. Les boulangers Nathalie et Thierry Ozan quittent leur fournil après vingt-cinq ans. Le commerce est repris par Reynald Lecerf, un concessionnaire moto du village.

12-10-24 12:25:52
Saint-Saturnin. Les boulangers Nathalie et Thierry Ozan quittent leur fournil après vingt-cinq ans. Le commerce est repris par Reynald Lecerf, un concessionnaire moto du village.

Quand ce dimanche 27 février 2022, à 13 h, Nathalie et Thierry Ozan baisseront pour la dernière fois le rideau de leur boulangerie-pâtisserie baptisée Les Maîtres du Pain à Saint-Saturnin (Sarthe), au fournil, il se pétrira pour la dernière fois un mélange de nostalgie et de fierté, teintées d’émotion.
Nostalgie

C’était il y a vingt-cinq ans, ce 12 mai 1997, la municipalité de l’époque qui souhaitait reconstituer un noyau de commerçants place de l’Antonnière était venue nous chercher, rue Chanzy, où nous étions installés depuis treize ans. Notre challenge ? Créer, car depuis 1946, il n’y avait plus de boulangerie au village, elle avait brûlé. Anecdote, la première fournée a été cuite la veille de l’ouverture (11 mai) à la demande du correspondant Ouest-France de l’époque qui a voulu immortaliser l’événement. Et c’est parti pour l’aventure, avec l’aide d’un ouvrier boulanger, la tradition, la festive, la Ozan… Petit à petit, une quinzaine de pains différents assoit la réputation du magasin. Le pôle hôtelier naissant entraînant avec lui des restaurants, la création du magasin Chèvrefeuille, partout, on peut croiser la camionnette de livraison des Maîtres du Pain.
La pâtisserie, les glaces, le chocolat sous toutes ses formes et les prémices du snacking viennent à point pour renforcer la variété : « Le tout fait sur place et maison », précise Thierry en tant que membre du bureau de la Boulangerie de France. Et, aujourd’hui, sept personnes font tourner la boutique
Fierté

Les Ozan mettent aussi en avant le parcours de leurs quatre fils. « Enzo travaille avec nous à Saint-Saturnin, Jonathan est installé à Spay dans sa propre boulangerie et Alexis, après avoir tenu la boulangerie de Béner, dans laquelle nous avions investi, est devenu à sa revente, son premier ouvrier. Boulangerie que nous avons ensuite revendue à l’une de nos anciennes vendeuses. »
Émotion

« Quitter une clientèle fidèle depuis vingt-cinq ans, pas évident », nous confie Nathalie, la larme à l’œil. Oubliés les levers à 5 heures pour préparer les rayons, les dimanches d’ouverture longs comme un jour sans pain ! Quant à l’avenir : « L’explosion des franchises, la baguette à 0,39 centimes, la disparition des commerces dans les villages, ce sont des réalités, mais pour nous, il est temps de laisser la place. » Fermée quelques jours, « car il faut changer le four », la boulangerie reprendra du service avec, à sa tête, Reynald Lecerf. Cet homme d'une cinquantaine d'années, était auparavant concessionnaire moto à la Chapelle Saint Aubin. Il change radicalement de vie avec son épouse Isabelle. Au revoir les doigts remplis de cambouis, bonjour les pétrissages de miches (pas ceux de la boulangère) et façonnage de boules. Isabelle sera elle, au comptoir, pour servir avec le sourire les clients qui espèrent une transition en douceur.